Les figures de style (correction)

1. Dans les phrases suivantes, distinguez les métaphores des comparaisons, en explicitant le fonctionnement de l'image créée par ces figures de style.

  1. Je vis ma dame avec Vénus la blonde./ Elles avaient un même vêtement,/ Pareille voix, et semblable faconde. (Maurice Scève) / Comparaison ;  La « dame » est comparée à Vénus, la déesse de l'Amour, dont elle possède les mêmes attributs.

  2. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre. (Voltaire)  / « théâtre de la guerre » : métaphore. Cette figure souligne l'idée que le champ de bataille est spectaculaire.

  3. Avec cela, il était courageux comme un homme ; il allait à la rivière comme un poisson, et plongeait jusque sous la pelle du moulin. (George Sand) « courageux comme un homme », « allait à la rivière comme un poisson » / Comparaisons. Ces deux idées a priori antithétiques ont pour fonction de donner une vision positive du personnage.

  4. La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre. (Albert Camus)  / « La liberté est un bagne » : métaphore. Elle se veut aussi être une antithèse.

  5. Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphyr. (Jean de La Fontaine) / « Tout vous est aquilon », « tout me semble zéphyr » : métaphores. « Tout » est d'abord comparé à « aquilon » (vent du nord, violent et froid) et le deuxième « tout » à « zéphyr » (vent d'ouest, doux et agréable), sans outil de comparaison. Il s'agit aussi d'un parallélisme.

2. Nommez les figures de style employées dans les phrases suivantes et expliquez leur fonctionnement.

  1. Et Colin courait, courait, l'angle aigu de l'horizon, serré entre les maisons, se précipitait vers lui. (Boris Vian) / « l'angle aigu de l'horizon [...] se précipitait vers lui » : personnification. Elle donne l'impression que l'horizon s'anime soudain et se déplace en même temps que Colin.

  2. Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. (Voltaire) / « si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » : hyperbole.

  3. Cette obscure clarté qui tombe des étoiles/ Enfin avec le flux nous fit voir trente voiles [...]. (Pierre Corneille) / « Cette obscure clarté » : oxymore. Ces deux termes de sens contraire sont reliés dans la même expression. « trente voile » : synecdoque. Elles renvoient aux bateaux.

  4. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. (Montesquieu) / Tout l'extrait : antiphrase. « On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux » prend en effet appui sur les croyances des « Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde » qui « faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains ». L'absurdité de l'exemple nous laisse comprendre la dimension ironique du passage.

  5. La grimace était son visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. (Victor Hugo) / « La grimace était son visage », « sa personne était une grimace » : métaphores. La grimace sur son visage définit sa personne tout entière. Victor Hugo montre que l'intériorité du personnage s'efface derrière la laideur physique qui le caractérise. Il s'agit aussi d'un chiasme.

  6. Ô beaux discours humains ! Je suis venu si loin,/ Pour m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin,/ Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge. (Joachim du Bellay) / « m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin » : antithèse. L'action positive « s'enrichir » semble s'opposer à l'« ennui, [la] vieillesse et [le] soin » accumulés au fil des ans.

  7. Mon peu de succès près des femmes est toujours venu de les trop aimer. (Jean-Jacques Rousseau) / « de les trop aimer » : hyperbole. Cette formule de Rousseau est aussi une antithèse, puisqu'il oppose son amour excessif des femmes et son échec auprès d'elles (« peu de succès »).

3. Sur quelle figure de style est structuré ce poème de Louise Labé ? Quels sont les effets de lecture ainsi produits ?

Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournés !
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô mille morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destinés !
Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !
Ô luth plaintif, viole, archet et voix !
Tant de flambeaux pour ardre une femelle !
De toi me plains, que tant de feux portant,
En tant d'endroit d'iceux mon cœur tâtant,
N'en ai sur toi volé quelque étincelle.

Louise Labé, Sonnets, II, 1555.

Ce sonnet de Louise Labé est structuré par les nombreuses anaphores. Au début des vers 1 à 10, l'interjection lyrique « Ô » revient à dix reprises et se trouve même répétée au vers 9. De plus, la répétition de l'adverbe d'intensité « tant » aux vers 11, 12 et 13 et sa répétition sonore dans le participe présent « tâtant », à la rime du vers 13, provoquent le même effet musical. La complainte de la poétesse semble donc sans fin.  

4. Relevez deux figures de style utilisées dans la réplique d'Andromaque reproduite ci-dessous à propos de sa « main » et expliquez-les.

ANDROMAQUE

Je vais donc, puisqu'il faut que je me sacrifie,
Assurer à Pyrrhus le reste de ma vie ;
Je vais en recevant sa foi sur les autels,
L'engager à mon fils par des nœuds immortels.
Mais aussitôt ma main, à moi seule funeste,
D'une infidèle vie abrégera le reste,
Et sauvant ma vertu rendra ce que je dois,
À Pyrrhus, à mon fils, à mon époux, à moi.
Jean Racine, Andromaque, IV, 1, 1667.

La « main » d'Andromaque est d'abord personnifiée puisque c'est elle qui « D'une infidèle vie abrégera le reste » (v. 6). Andromaque évoque ici l'idée de se donner la mort. C'est également une synecdoque, dans la mesure où la main évoque en réalité Andromaque. Ces deux figures de style atténuent sa responsabilité dans cet acte vengeur. 

5. Lisez le texte suivant.

  • Relevez trois figures de style.
  • Expliquez leur fonctionnement et les effets qu'elles produisent sur le texte.

LE SPHINX

Inutile de fermer les yeux, de détourner la tête. Car ce n'est ni par le chant, ni par le regard que j'opère. Mais, plus adroit qu'un aveugle, plus rapide que le filet des gladiateurs, plus subtil que la foudre, plus raide qu'un cocher, plus lourd qu'une vache, plus sage qu'un élève tirant la langue sur des chiffres, plus gréé, plus voilé, plus ancré, plus bercé qu'un navire, plus incorruptible qu'un juge, plus vorace que les insectes, plus sanguinaire que les oiseaux, plus nocturne que l'œuf, plus ingénieux que les bourreaux d'Asie, plus fourbe que le cœur, plus désinvolte qu'une main qui triche, plus fatal que les astres, plus attentif que le serpent qui humecte sa proie de salive ; je sécrète, je tire de moi, je lâche, je dévide, je déroule, j'enroule de telle sorte qu'il me suffira de vouloir ces nœuds pour les faire et d'y penser pour les tendre ou pour les détendre [...].

Jean Cocteau, La Machine infernale, II, © Grasset & Fasquelle, 1934.

1. L'anaphore est d'abord perceptible, par la répétition successive des comparatifs « plus adroit qu'un aveugle », « plus rapide que le filet des gladiateurs », « plus subtil que la foudre », « plus raide qu'un cocher », « plus lourd qu'une vache », « plus sage qu'un élève tirant la langue sur des chiffres », « plus gréé, plus voilé, plus ancré, plus bercé qu'un navire », « plus incorruptible qu'un juge », « plus vorace que les insectes », « plus sanguinaire que les oiseaux », « plus nocturne que l'œuf », « plus ingénieux que les bourreaux d'Asie », « plus fourbe que le cœur », « plus désinvolte qu'une main qui triche », « plus fatal que les astres », et « plus attentif que le serpent qui humecte sa proie de salive ». Il s'agit de comparaisons successives, puisque c'est le sphinx qui est comparé à ces éléments (« un aveugle », « des gladiateurs », etc.). Les gradations sont également manifestes, comme celle qui porte sur les comparants « un aveugle », « des gladiateurs » et « la foudre », ou celle qui porte sur les actions du sphinx : « je sécrète, je tire de moi, je lâche, je dévide, je déroule, j'enroule », ou encore celle des adjectifs « gréé », « incorruptible », « vorace » et « sanguinaire ». 

2. Les anaphores et gradations accentuent l'aspect monstrueux et inquiétant du personnage du sphinx, tout comme les comparaisons qui le rapprochent d'éléments menaçants tels que les « gladiateurs », la « foudre », le « juge », mais également les « insectes » évoqués pour leur voracité, les « oiseaux » et le « serpent » pour leur goût du sang, les « bourreaux d'Asie » pour leur barbarie. 

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