Le projet du fabuliste
1. Quel but La Fontaine prétend-il poursuivre lorsqu'il compose ses fables ?
Comme l'avait fait son prédécesseur, le fabuliste entend « instruire » les hommes par un ensemble de « vérités qui servent de leçons ». On retrouve dans ces textes le champ lexical de l'enseignement auquel le fabuliste ajoute une portée universelle, car « Ce [que] disent [les animaux de la fable] s'adresse à tous tant que nous sommes », aux petits comme aux grands, aux adultes comme aux enfants.
Si ces fables apprennent à connaître le monde, elles permettent aussi de « se connaître », sans quoi l'on ne saurait comment se conduire. L'esprit humain à l'état naturel est vu comme une terre à cultiver : dispensant « les semences de la vertu », la lecture des fables serait donc tout particulièrement appropriée à permettre aux âmes les plus neuves à se former. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le premier recueil des Fables de La Fontaine soit dédié au Dauphin Louis de France, un enfant de sept ans.
2. En quoi la forme de l'apologue lui semble-t-elle appropriée au but qu'il s'est fixé ?
Le principal avantage de l'apologue tient au fait que, en passant par le biais d'animaux, la leçon donnée paraît plus efficace, plus digeste, moins rébarbative, plus facilement acceptable.
Il faut donc que l'impression de divertissement soit plus forte que le sentiment d'être instruit.
3. De quelle manière compte-t-il atteindre ce but ?
En
épousant la morale classique « placere et docere », La
Fontaine affirme son lien étroit avec les principes de l'art
classique : il entend charmer son public à la manière de
Virgile en ayant recours à des artifices variés, à la mise en
place d'un univers enchanté, se refusant cependant les effets
gratuits, car « conter pour conter [lui] semble peu
d'affaire ». Les fables confortent donc le
jugement des personnes d'âge mûr tout en instruisant les enfants
sur ce qu'ils doivent impérativement savoir pour se prémunir
contre les dangers de la nature et de la société.