Des Fables et des leçons

Séquence 7

Objet d'étude : la littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle.

Parcours associé : imagination et pensée au XVIIe siècle
Oeuvre : Fables de La Fontaine (livres VII à XI).
Problématique : pourquoi les Fables continuent-elles de contribuer à notre compréhension du monde ?

Séance 1 : comment le fabuliste justifie-t-il son projet ?

Téléchargez le document ci-dessous intitulé "Justification du projet", puis répondez au questionnaire avant mercredi soir (29/04). Vous comprendrez, au terme de votre travail, les motivations profondes du fabuliste.

Séance 2 : Qui de l'homme et de l'animal se montre le plus intelligent ?

Nicolas Boileau, « Satire VIII », Satires, v. 247 à 272 

1. Situation du passage et progression du discours

L'extrait se situe vers la fin de la satire VIII, qui compte 308 vers. Boileau répond ici à l'objection que ne manquerait pas de lui faire le docteur en Sorbonne auquel il adresse sa critique de l'homme : malgré tous ses défauts, l'homme n'a-t-il pas l'avantage, sur toutes les autres créatures vivantes, de pouvoir agir selon la raison ? « N'est-ce pas son flambeau, son pilote fidèle ? » lit-on peu avant le passage à l'étude. Boileau prétend au contraire prouver que l'homme est moins sensé que les bêtes.

Son argumentation fait un va-et-vient incessant entre l'animal et l'humain : il prend d'abord l'exemple de l'âne pour montrer la régularité de son comportement (v. 1 à 5) ; il montre ensuite que le comportement de l'homme est au contraire d'une grande incohérence (v. 6 à 12) ; après quoi il aborde le thème de la croyance, alléguant que les animaux ne manifestent aucune sorte de superstitions (v. 13 à 20) tandis que les hommes vénèrent des images creuses (v. 21 à la fin).

L'étude du passage s'attachera à montrer avec quelle allégresse le satiriste fustige l'orgueil de l'homme en accordant systématiquement l'avantage à l'animal.

2. Vers 1 à 5

En faisant sinon l'éloge, du moins l'apologie de l'âne, animal qui passe souvent pour le symbole même de la sottise aux yeux des hommes, Boileau propose à son lecteur un raisonnement a fortiori : s'il est avéré que l'animal le plus bête que l'on puisse imaginer se conduit plus sagement que l'homme, ce sera bien la preuve que l'homme est la créature la plus folle de la terre. Pour nous amener à cette conclusion, Boileau vante les mérites de « l'instinct » qui oriente infailliblement l'animal : faute de culture, l'âne est du moins « instruit par la nature ». Plutôt que d'évoquer son entêtement proverbial, Boileau loue la résignation de la bête qui « obéit sans murmure », la rime soulignant le rapport logique entre le déterminisme naturel et l'acceptation de son sort. Nulle extravagance chez cet animal qui « Ne va point follement de sa bizarre voix / Défier [...] les oiseaux » : son comportement est approprié à ses facultés, ce qui le garde du ridicule dans lequel versent si souvent les hommes, qui jugent mal de leurs qualités et de leurs défauts, aveuglés qu'ils sont par l'amour propre. Dans une fable du premier recueil, La Fontaine met en scène un âne ridicule prétendant à la fonction d'animal de compagnie (« L'Âne et le petit Chien ») ; mais il s'agit là de la représentation allégorique d'un travers humain. L'âne véritable connaît d'instinct la destination de son être ; Boileau l'affirme au moyen d'une syllepse (emploi simultané du sens propre et du sens figuré) : « Sans avoir la raison, il marche sur sa route ».

3. Vers 6 à 12

À la rectitude spontanée du comportement animal, Boileau oppose le comportement erratique de l'homme. Le changement de thème et le rapport d'opposition sont indiqués par l'expression « L'homme seul » (autrement dit : l'homme seulement, seul l'homme), mise en tête de vers. Or, au lieu d'introduire une affirmation glorieuse pour l'espèce humaine, ce que semble annoncer la relative explicative qui suit (« qu'elle éclaire », c'est-à-dire : que la raison éclaire), cette distinction de l'homme met subitement en lumière son manque de discernement au moyen d'une antithèse concentrée dans le second hémistiche (« en plein jour ne voit goutte »). La même figure se retrouve au vers suivant, d'un hémistiche à l'autre : « Réglé par ses avis » (ceux de la raison), l'homme « fait tout à contre-temps » ; Boileau enfonce le clou en répétant l'adverbe « tout » (« dans tout ce qu'il fait »), en usant de synonymes et en multipliant les marques de négation : « n'a ni raison ni sens ». Les quatre vers suivants, dans lesquels le satiriste dénonce l'inconstance de ses congénères, abondent en procédés rhétoriques : les parallélismes, les anaphores et les balancements binaires, de vers à vers, d'un hémistiche à l'autre ou au sein même des hémistiches, construisent un distique de tétramètres classiques (ou alexandrins carrés) d'une indéniable vigueur : « Tout lui plaît / et déplaît, // tout le choque / et l'oblige ; // Sans raison il est gai, // sans raison / il s'afflige ». Le rythme effréné de ses revirements irréfléchis (« au hasard ») est enfin traduit par l'accumulation de neuf verbes d'action employés absolument (sans complément d'objet), en une succession d'antithèses étalée sur un vers et demi : « aime, évite, poursuit, // Défait, refait, augmente, // ôte, élève, détruit ». Le fol empressement des hommes à faire systématiquement tout et son contraire donne au lecteur le vertige - et une piètre image de cette faculté de raisonner dont ils s'enorgueillissent vainement.

4. Vers 13 à 20

Le troisième mouvement du passage est marqué par deux questions rhétoriques. La première, qui s'étale sur quatre vers, est reliée au développement précédent par la conjonction de coordination « et », qui, placée en tête de vers, produit un effet d'impulsion. La seconde, de même longueur, est ponctuée par l'incise « dis-moi », qui somme le lecteur de reconnaître les faits : comme la précédente, cette interrogation est une manière d'affirmer que le comportement des bêtes n'est jamais soumis à l'empire de l'imagination. Pour convaincre son lecteur, Boileau donne quelques exemples des craintes superstitieuses qui conditionnent « sottement » le comportement des hommes, mais épargnent les animaux sauvages (« les ours ni les panthères »), que n'offusquent pas « leurs propres chimères » : il évoque ainsi la croyance répandue selon laquelle le chiffre 13 porterait malheur, puis l'idée qu'il existerait des oiseaux de mauvais augure, en particulier le corbeau. Passant de la superstition à l'idolâtrie, Boileau dénonce le culte des images (« adorer [les] idoles ») et la propension de l'homme à diviniser ses semblables, en vénérant ses héros et ses princes (« Sacrifier à l'homme »). Cependant ces critiques qui rejoignent le discours de l'Église catholique, pour laquelle les représentations figurées de Dieu et des saints ne sauraient être considérées comme sacrées en elle-même, pourraient assez facilement passer pour une attaque contre toute forme de pratiques religieuses : la prière et les voeux que le chrétien prononce agenouillé devant le Christ en croix ou la Vierge à l'Enfant seraient-ils aussi des manifestations de la folie humaine ?

5. Vers 21 à la fin

Dans le dernier mouvement, Boileau oriente plus prudemment sa critique des pratiques religieuses vers les cultes païens. Après avoir très explicitement répondu par la négative aux deux questions rhétoriques qui précèdent, Boileau invite son lecteur à changer de point de vue : l'homme est maintenant l'espèce observée, et le ridicule de ses croyances éclate au grand jour. L'adjectif « hypocondre », employé pour caractériser l'homme, suggère l'idée qu'une maladie mentale constitutive, qu'une nature défaillante est à l'origine de toutes ses inconséquences. Parmi celles-ci, Boileau signale celle qui consiste à sacraliser ses propres créations : « Adorer le métal que lui-même il fit fondre ». La Fontaine épingle précisément le même travers dans la fable intitulée « Le Statuaire et la Statue de Jupiter » (IX, 6) : « Même l'on dit que l'ouvrier / Eut à peine achevé l'image, / Qu'on le vit frémir le premier / Et redouter son propre ouvrage. » Le ridicule est encore plus marqué lorsque l'idole a la physionomie d'un animal, et d'un animal grotesque de surcroît : Boileau représente ainsi « les timides mortels / Trembler aux pieds d'un singe assis sur leurs autels ». Le tableau s'achève par une référence à la civilisation égyptienne (« sur les bords du Nil »), dont les divinités sont zoomorphes, et prennent les traits des animaux les plus ignobles, tels ces crocodiles que « les peuples imbéciles » poursuivent « l'encensoir à la main ». La force persuasive du discours tient ici à la multiplication des détails concrets et à l'allongement de la phrase, dont la cohésion est renforcée par la répétition du verbe principal (« a vu ») et l'emploi de la conjonction de coordination « et » pour relier ses deux derniers membres. Boileau fait bien montre ici des deux qualités stylistiques complémentaires qu'exige la satire des moeurs à l'époque classique, à savoir la rigueur de l'expression et la vivacité de la peinture.

Séance 3 : L'animal-machine

Discours à Mme de La Sablière, Jean de La Fontaine, Fables, IX (1678)

"Les Souris et le Chat-Huant", Jean de La Fontaine, Fables, XI, 9 (1679)

Introduction : dans ces deux textes extraits des Fables, le fabuliste s'implique dans le débat sur les animaux-machines, thèse selon laquelle les animaux seraient dénués de conscience, ne consistant qu'en un assemblage de rouages. Cette thèse, soutenue et érigée par Descartes, un philosophe alors très influent, est vivement critiquée par La Fontaine dans les deux textes ci-dessous. Lisez-les attentivement, puis répondez précisément aux questions (n'oubliez pas de cliquer sur "suivant" !). Développez vos réponses.

Séance 4 : Que nous enseignent les fables sur le sens moral et la justice des hommes ?

Texte d'appui : "L'Homme et la Couleuvre", Jean de La Fontaine, Fables, X, 1 (1679) 

Consignes : après avoir lu (ou écouté) la fable suivante, vous vous interrogerez sur la portée de sa morale et notamment sur sa réflexion sur le sens moral et la justice des hommes à travers le questionnaire ci-dessous.

...

Séance 5 : pouvoir et politique

Supports :

"La Tête et la Queue du Serpent", Jean de La Fontaine, Fables, VII, 16 (1678)

"Le Bassa et le Marchand", Jean de La Fontaine, Fables, VIII, 18 (1678)

"La Cour du Lion", Jean de La Fontaine, Fables, VII, 6 (1678)

"Les Obsèques de la Lionne", Jean de La Fontaine, Fables, VIII, 14 (1678) 



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