Par Roger Pic - Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16380835
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Oh les beaux jours (Samuel Beckett)

       Après notre étude de la scène d'exposition de Oh les beaux jours, ô combien déstabilisante, parlons maintenant des deux autres documents que vous aviez à étudier.
        Le premier d'entre eux est le terrible Un chien andalou de Buñuel et Dalì. D'ailleurs, sûrement plus de ce premier car je me suis laissé dire que Dalì le fantasque, n'avait quasiment pas participé à son élaboration.
        Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, régalez-vous !

Vos remarques sur le film

Anonymat garanti !

Roland Topor

Trublion iconoclaste, Topor excellait dans de nombreux domaines : l'écriture, le dessin, le théâtre... N'en jetez plus !

Ses oeuvres sont restées longtemps incomprises, mais l'humour devenant très consensuel, Topor gagne en reconnaissance. Ses toiles, comme ses dessins, ne laissent jamais insensibles.

Comme dans Un chien andalou ou Oh les beaux jours, les motifs sont souvent symboliques. Mais s'y ajoute le goût pour la parodie, une envie de déconstruire les traditions.

Vous avez fort bien su le dire... et le voir.

Peter Brook © Marc ENGUERAND
Peter Brook © Marc ENGUERAND

Oh les beaux jours (lecture 2)

Pages 53-54, de "Oh le beau jour encore..." à "Non, ici tout est étrange".

Afin de préparer au mieux l'analyse de ce texte, je vous invite à répondre aux questions suivantes en cliquant sur le lien.

Faites-le si possible avant mardi matin.

Bon courage !

Quelques éléments de réflexion pour votre oral

Éléments d'introduction pour votre oral :

Présentez rapidement l'œuvre, situez l'extrait, puis donnez-en les thèmes principaux. Précisez l'intérêt qu'il peut y avoir à étudier ce texte ; ici, on peut dire qu'il offre en condensé l'ensemble des thèmes de l'œuvre : alternance bonheur/malheur, espoir/désespoir, réflexion sur la condition humaine, etc.

N'oubliez pas de lire l'extrait à voix haute pour vous en imprégner.

Votre développement : quelques éléments d'analyse

Le début du passage est marqué par une joie enfantine due au fait que les deux protagonistes ont réussi à communiquer. En effet, Willie a entonné l'air de la chanson de la boîte à musique. L'euphorie qui la gagne alors se lit dans les tournures exclamatives, mais également dans les gestes qu'elle effectue, gestes soulignés par les didascalies « Elle bat des mains ». Par les répétitions, elle semble animée mécaniquement, imitant ainsi la ritournelle de la boîte.

À chaque fois qu'elle réussit à nouer un contact, l'héroïne se réjouit et récite une sorte de refrain, d'hymne au bonheur. C'est le cas page 27 avec « Oh les beaux jours de bonheur », mais également page 35 avec « Oh le beau jour encore que ça va être ».

Mais à cette joie quasi mystique font place des instants plus graves. D'abord une supplication désespérée, « je t'en supplie », puis des questions demeurant sans réponse. À chaque fois, les didascalies « Un temps » viennent souligner la pesanteur de l'instant, l'espoir de voir le couple se reformer évanoui. La plate réalité, l'insolente meurtrissure encerclent l'héroïne qui, très vite, prend conscience de son isolement : « Eh bien », dit-elle, comme s'il fallait trouver une excuse à cette profonde solitude de l'être. Ce travail de persuasion, elle l'achève par la répétition, par l'aveu d'impuissance contenu dans « c'est très compréhensible ». L'adverbe intensif « très » suggère l'inutilité du combat. Dès lors, l'héroïne va chercher à excuser son mari, la vie plus généralement, à travers la négation « on ne peut pas » renforcée par « non » placé en évidence dans la phrase, entre deux virgules. Le constat est amer, mais incontestablement vrai.

Dès lors, Winnie va s'ingénier à associer ces instants à une poésie intimiste : la métaphore et la comparaison qui achèvent sa phrase (le merle et la source associés au chant) donnent à voir des mouvements perpétuels : le chant du merle et l'eau qui coule. Ces deux images sont associées à la vie de Winnie : plate et atone, prosaïque comme ces merles communs.

Ces instants répétés de la vie de Winnie apparaissent également dans la litanie « que de fois j'ai dit » qui suggère une douleur personnelle, un aveu d'impuissance passé, mais aussi présent. Ainsi la suite du texte est-elle agitée par des constats négatifs : « il n'y a plus que ça à faire », « ne le faisais pas », « ne le pouvais pas ». Il s'agit de reconnaître non pas une impossibilité, mais une incapacité notoire. Les négations se multiplient, « non », « ni », « sans » et suggèrent le néant reconnu et définitivement accepté comme indépassable.

« Et maintenant » souligne la fin de la triste rêverie, le retour à la plate réalité. Le temps s'étire indéfiniment (voir les didascalies) et fait surgir le malaise existentiel, l'innommable, l'indicible puisqu'il s'agit d'une « étrange sensation ». L'héroïne semble enfermée dans une sorte de délire suggéré par l'épanadiplose avec les adjectifs « floue » et « nette ». Ce sentiment qui l'envahit, c'est celui de l'étrangeté : qui suis-je ? que fais-je ? sinon passer, repasser, aller et venir, sorte de mouvement perpétuel mécanique et absurde sans lien avec la réalité. Notez que les participes présents miment le caractère insatiable de ces allers et retours.

L'extrait s'achève par un constat très pessimiste renforcé par l'hyperbole « ici tout est étrange ». Arrivée au terme de sa méditation, l'héroïne prend conscience de la vacuité de son existence et de son incapacité à s'adapter au monde qui l'entoure. Ultime clin d'œil à L'Étranger de Camus.

Votre conclusion doit rappeler l'essentiel de ce que vous avez développé. Mais elle doit aussi aller un peu plus loin et montrer, comme vous l'avez suggéré dans l'introduction, que l'extrait est à l'image de l'œuvre. Cherchez enfin - ce ne sera pas dur - un autre extrait de l'œuvre dans lequel l'héroïne se morfond pareillement.

La diversité des registres dans Oh les beaux jours

Répondez dans un premier temps au questionnaire ci-dessous avant samedi 28/03. Vous pouvez aussi cliquer sur ce lien.

Oh les beaux jours (lecture 3) : le dénouement

Pages 81-83, de "Qu'est-ce que tu as, ..." (page 81) à la fin : le dénouement

Cette dernière étude va nous permettre de conclure la séquence consacrée à l'étude du drame de Beckett. Je vous invite donc à l'appréhender par le biais de ce questionnaire à réaliser avant le jeudi 2 avril. Au préalable, lisez le texte !

Bon courage !

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